jeudi 9 avril 2009

Coupable ? avril 2009

Maintenant que le procès en appel est terminé, faisons le point sur les forces et faiblesses. La défense a usé et abusé de moyens dilatoires à la limite des techniques du négationnisme. Ce ne fut évidemment pas une défense de rupture à la Vergès. La défense de rupture revendique mais ne nie pas à partir d’un nuage de suspicions. En revanche, la défense négationniste argue de présupposés (la mauvaise foi de l’adversaire), d’analyses pseudo techniques (la balistique de la balle magique), de juridisme procédurier (pour aller en Cass’). Seule le mise en cause systématique et outrancière des juges rappelle la défense de rupture. La Défense de Colonna ? un étrange objet de tactique de harcèlement.
Il sera intéressant de voir si les moyens évoqués par la défense pour aller en Cassation seront retenus par la Haute assemblée. Il est remarquable d’ailleurs que les mêmes ne renoncent pas à tout espoir même au regard d’un recours en Cassation « birmane ». Sur le premier moyen du « départ » de l’accusé et de ses défenseurs, la cour de cassation, fidèle à sa jurisprudence constante devrait rendre un jugement attendu, Me Simeoni ne fait pas mystère de sa faiblesse. En juger autrement, à savoir qu’il suffit à la défense de s’en aller pour faire casser le jugement, rendrait toute procédure judiciaire pénale impossible. Sur les autres moyens, le manque de loyauté et le manque d’impartialité, le jeu est plus ouvert. Mais la cassation jugera aussi la défense… sera-t-elle sensible à cette tonalité provocatrice et la sanctionnera-t-elle, nous verrons.
Cela dit qu’en est-il au fond ? Y-a-t-il vraiment doute ? Y a-t-il une preuve absolue de la culpabilité de Colonna ? Sur ce dernier point, évidemment non ! A ceci près, que la preuve absolue n’existe pas et l’exiger c’est tout simplement exiger de ne pas juger. Jamais. Un film des événements pourrait être contesté (ressemblance, sosie) aussi bien qu’un prélèvement d’ADN (sécurité du protocole, noyau ou mitochondrial). Si le doute doit profiter à l’accusé il faut que ce soit un doute bien convainquant. Avec Colonna on est loin du compte.

Sur l’absence matérielle de preuves.
Colonna n’a pas de mobile en 1998, et aucune trace téléphonique ou biologique n’est relevée, tandis que les appels des autres membres du commando sont relevés. Mais en revanche les aveux circonstanciés des membres du commando sont là. De même le témoignage accablant de Jeanine Ferrandi qui déclare avoir vu son mari rentrer avec Colonna et Alessandri.

Les aveux soufflés ?
La défense prétend que les aveux ont été soufflés. Un soufflé qui tient dix-huit mois ! Mais les policier la juge Laurence Le vert indiquent précisément que Colonna n’est pas dans les premières personnes recherchées, c’est bien curieux pour un coupable « téléphoné ».

La taille du tireur
Là encore un scoop qui fait pschitt. Le légiste (d’Ajaccio !) évoque une taille haute pour le tireur, à savoir une taille équivalente à celle du préfet (1m 83). Bien évidemment on vous tire dessus, vous n’esquivez pas, vous continuer à trotter droit comme un i ! Bien sûr que non, vous esquivez, vous vous courbez… Par ailleurs, l’argument n’est pas poursuivi plus loin, parce qu’Alessandri qui s’accuse finalement n’a que deux centimètres de plus que Colonna ! Faut-il croire qu’il y a un troisième tireur (grand celui-là) ? Et dans ce cas pourquoi Alessandri s’accuse-t-il pour disculper Colonna ? Ce troisième tireur doit être bigrement important ! Mais dans ce cas, pourquoi ne pas s’être accusé tout de suite au lieu d’aller chercher un obscur berger, nationaliste retiré des affaires.

Des complices dans la nature ?
Le témoignage Vinolas a lui-aussi fait pschitt. La défense ne s’y est pas trompée, elle qui renonce à auditionner les deux individus cités par Vinolas. On se servira de la maladresse du président Wascogne et l’on oubliera le fond. Comme d’habitude.

Et puis la phrase de Ferrandi en première instance et celle d’Alessandri en appel, comme elles pèsent lourd. Ellent dessinent peut-être la silhouette d’un complice qui se dégonfle mais qui est présent sur la scène du crime. Et un Alessandri qui prend l’arme et termine le travail.

Quant aux protestations d’innocence de Colonna elles viennent bien tard et la fameuse lettre fut envoyée près de deux mois après que les membres du commando aient retiré leurs accusations dix-huit mois après leurs aveux.

Tout a été dit sur la fuite de Colonna. Tout ? Pas tout à fait. Un Colonna qui s’enfuit par peur de la justice expéditive d’une junte birmane ? soit ! Mais alors, pourquoi ne pas protester de son innocence, une fois à l’abri ? Pourquoi attendre ?

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