vendredi 20 mars 2009
Le procès Colonna en appel - on continue ? (20 mars 2009)
La bataille judiciaire est perdue pour tout le monde : pour la défense qui peine à prouver l'innocence et a tenté une manoeuvre périphérique en jetant un rideau de fumée au prétexte de divers manquements dans l'enquête (une méthode chère aux négationnistes habitués à discuter du diamètre des tuyaux de gaz pour mettre en doute la shoah) et pour l'accusation qui n'arrive pas à vraiment conclure. Résultat le combat se déporte sur le terrain médiatique où Colonna (ou ses défenseurs) a frappé un grand coup d'ailleurs amplement téléphoné, en quittant la salle et en récusant une défense en rupture. Le combat se déroule désormais en Corse où la fabrique à mythes tourne à plein régime sur le mode de l'innocent sacrifié par la raison d'Etat de l'Etat colonial. Et pourtant, une voie est restée inexplorée qui aurait pu remettre les choses à leur place tant au plan judiciaire qu'au plan médiatique et enrayer la machine à mythes. Bien sûr je ne peux jurer de rien mais il me semble intéressant de rapprocher deux déclarations des conjurés :1) en première instance, le 3 décembre 2007, Ferrandi disait ceci : "Je te connais, Yvan tu es un homme d'honneur. Si tu avais participé, tu le dirais. Par conséquent, tu n'y étais pas". Cette phrase alambiqué en forme vraie-fausse disculpation a été interprêtée comme une confirmation déguisée de la participation de Colonna. Oui, mais quel type de participation ? 2) La réponse est peut-être venue en appel dans la bouche d'Alessandri : "Il aurait dû franchir le pas pour être en cohérence avec son discours, il a laissé Didier Maranelli et Martin Ottaviani, qui n’avaient pas le même parcours militant, aller au charbon". Avec cette phrase miroir de celle de Ferrandi, un autre scénario se dessine : celui d'un Colonna membre du commando voire son chef, mais qui a renoncé, peut-être même au dernier moment. Bref Colonna a faibli et a laissé d'autres moins aguerri monter en première ligne. On comprend dès lors la phrase d'un Ferrandi comme renvoyant Colonna face à son honneur et celle d'Alessandri comme une explication de l'absence d'hésitation du groupe à reporter sur Colonna la charge la plus lourde, celle d'accusation d'assassinat. Un débat s'est d'ailleurs installé sur cette thèse défendue par certains journalistes. Pour ma part, je ne saurais l'accepter définitivement ; elle reste simplement séduisante car elle remet le puzzle mieux en forme que tout autre solution (pour l'instant).Mais cette thèse n'a pas été creusée, même après le témoignage capital d'Alessandri, parce que l'accusation ne veut pas reculer d'un pas et parce que la défense ne veut pas que Colonna soit coupable de quoi que ce soit et parce que Colonna veut reconquérir son honneur en devenant le martyr de la cause nationaliste et ramasser les Gloria a te, Yvan bien oubliés depuis.Le gâchis dans tout cela c'est le risque que la machine à fabriquer les mythes s'emballe et amène une nouvelle génération à s'égarer encore et toujours dans ces chemins qui ne mènent nulle part.
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